Accueil/Communauté/Actualités 2000/L'AmigaOne selon Ben Yoris Dern.maj: 2007-01-07



L'Amiga One

L'Amiga One expliqué par Ben Yoris

Ben Yoris, rédacteur de nombreuses revues comme ANews ou fanzines comme Amiga Power, travaille à présent, entre autre, pour Hyperion Software. C'est à coup sûr un des Amigaïstes les plus populaires de France. Il explique à sa façon l'Amiga One et notamment les Amiga One 1200 PPC et 4000 PPC. Ce texte est libre de droit, n'hésitez donc pas répandre la bonne parole....Bonne lecture

L'annonce faite par Amiga Inc. samedi dernier lors du salon australien Ace2k pourrait passer pour la enième du genre. Il n'en est rien et nous allons essayer ici d'expliquer pourquoi.

En effet, sur bien des points, cette annonce traduit pour la première fois la politique d'Amiga Inc en ce qui concerne le Classic, mais aussi son attachement à la communauté qui porte l'Amiga à bout de bras depuis plus de 6 ans maintenant.

Les specifications de l'AmigaOne.

Avant de parler des AmigaOne PPC 1200 et 4000, Amiga donne une liste de spécifications, dont le nom de code est "zico". Ces spécifications sont les suivantes :

  • Un processeur supporté par l'Evironnement de Développement Amiga (PPC, x86, Arm, SH4, MIPS)
  • 64Mo de mémoire ou plus
  • La génération à venir de cartes graphiques Matrox
  • Carte son basée sur le processeur Creative EMU10K1
  • Disque dur de 10 Go ou plus
  • Lecteur de CD/DVD
  • USB 1.0
  • Firewire Ethernet 10/100 Mbps
  • Modem 56k Ports PCI supplémentaires

La première erreur à ne pas commettre en lisant des spécifications est de les prendre pour argent comptant. Du style "Quoi ? 64 Mo c'est tout ?". Il faut bien comprendre qu'Amiga ne fabriquera pas ce hardware. Néanmoins, afin de contrôler son marché et d'établir une base de matériel supporté, Amiga a dressé une liste de référence, dont les constructeurs tiers intéressés pourront se servir s'ils décident de supporter l'Amiga DE, c'est à dire le nouvel environnement AmigaOS, à base d'Elate. Cette liste est de plus un départ. D'ici quelques années (voire mois) 64 Mo, le PCI etc... ne seront plus suffisants, ou plus supportés par l'industrie. La liste évoluera donc, elle n'est pas figée pour l'eternité.

Alors bien entendu, choisissez comme processeur un x86 quelconque (Pentium, Duron, Athlon etc ...) et lisez la suite de la liste : vous êtes en face d'un PC. Certains s'en offusqueront. Pourquoi ? A la vue de ces matériels, traditionnellement présents dans les tours de PC, planne l'ombre de Windows, des problèmes de configuration et autres plantages systèmatiques. Or, qu'est-ce qui fait qu'un matériel est ressenti comme tel ? Le fait qu'il soit supporté par un OS comme Windows ? Le fait que ce soit un standard mondial, largement accepté dans l'industrie ? Il est alors temps de regarder ce qu'il y a à l'intérieur de nos Amiga à l'heure actuelle. Car mis à part les chips customs comme l'AGA ou l'ECS (qui ne sont plus vraiment utilisés) tout le reste n'est que matériel standard du marché : processeurs PowerPC, lecteur CD, mémoire, et même les cartes Permedia 2 ou les futurs interfaces PCI comme le Mediator et le G-Rex. Et tout cela tourne sans problème avec un autre OS que Windows !

Ainsi, à la lecture des specifications de l'AmigaOne, il ne faut pas lire "les spécifications d'un PC qui tourne sous Windows", puisque le matériel est complétement indépendant de l'OS qui le supporte, mais plutôt la liste du matériel qu'Amiga a choisi de supporter grâce à ses ingénieurs internes et les accords passés avec l'industrie.

À ce sujet, le fait que la carte choisie soit une des futures extensions de Matrox (et très certainement la G800) n'est pas le drame que certains veulent bien laisser entendre. De récents benchmarks placent cette carte comme à peine inférieure (et encore pas sur toutes les opérations) à une GeForce 2 de nVidia. Nous nous contentions d'un très modeste Permedia 2, voilà qu'on nous offre la possibilité de talonner les plus puissants chips 3D au monde.

Nous avons donc affaire à la base des futures machines dédiée à l'AmigaDE et destinées au marché mondial. Toutefois, l'Amiga c'est aussi et surtout sa communauté d'utilisateurs. Or, ceux-ci tournent avec des machines qui ne correspondent pas à la liste ci-dessus. Amiga apporte alors une réponse fort à propos.

Concilier le passé et le futur.

Depuis sa prise de pouvoir en janvier dernier, Amiga Inc. et ses fondateurs peuvent se targuer d'avoir été les personnes les plus à l'écoute des Amigaïstes. Justement, que demandaient ces derniers ? Du PowerPC, un OS classic qui tourne sur PPC et enfin, la sacro-sainte compatibilité avec les applications tournant sur Classic. Mine de rien, c'est exactement ces désirs là qu'Amiga vient combler.

L'AmigaOne PPC 1200 et 4000 sont les réponses trouvées pour venir assurer une nécessaire transition. Ils doivent pas être considérés comme des cartes accélératrices qui se brancheraient sur le 1200 ou le 4000. Dans ce cas de figure, c'est plutôt la carte mère du 1200 ou du 4000 qui est un ajout à l'AmigaOne ! Fleecy Moss a d'ailleurs précisé par e-mail et sur ANN que les AmigaOnePPC 1200 et 4000 seront des machines à part entière, à ceci près qu'elles bénéficieront d'un branchement pour une carte mère Amiga Classic.

Si l'on y réfléchit bien et dans le cas d'un 1200, on va donc se retrouver avec un tour à l'intérieur de laquelle se trouvent :

  • une carte mère d'Amiga 1200
  • une carte mère AmigaOne PPC 1200 connectée au 1200 par le port accélérateur

Sur la carte AmigaOne PPC 1200 se trouvera :

    • un slot CPU G3/G4 (identique à ceux que l'on trouve pour PowerMac)
    • un bus AGP - 6 bus PCI
    • un ou plusieurs connecteurs SDRAM
    • un port IDE rapide

Soit quasiment l'intégralité des spécifications AmigaOne. Pour ce qui est son, graphisme, USB, FireWire et SCSI, les 6 ports PCI sont là pour accepter des cartes spécifiques, selon les besoins de chacun. Ainsi les AmigaOne PPC 1200 et 4000 peuvent être là plus rapidement et surtout être moins coûteux.

Au quotidien dans un premier temps, l'Amiga bootera en mode 68k pour initialiser l'AmigaOne, puis c'est ce dernier qui prendra le relai en émulant le 68k sur le G3/G4. Ainsi, l'utilisateur ne perdra rien de qu'il avait l'habitude d'utiliser, et même il y gagne grandement grâce à la puissance d'émulation du G3/G4, la mémoire et l'IDE bien plus rapides que ce que l'on a l'habitude de voir sur un 1200 ou un 4000. Vous souhaitez utiliser l'AGA ou Paula ? Lancer ce bon vieux Turrican ou une démo, aucun problème, la carte mère du 1200 est là. Vous voulez jouer au dernier jeu d'Hyperion, d'Epic ou bien lancer le dernier logiciel PPC à la mode : aucun problème non plus, l'AmigaOnePPC est présent lui aussi.

A terme, on évolue en douceur vers l'utilisation unique de l'AmigaDE en passant par une nouvelle version d'Amiga OS (la 3.9) pour en arriver à AmigaOS 4.0 qui lui ne tourne plus sous environnement Classic. Entre temps, vous aurez eu tout le loisir de découvrir l'Amiga DE, de vous familiariser avec sa GUI, ses applications etc... pour peu à peu vous détacher d'Amiga OS 3.X. A noter que même lorsque Amiga DE sera terminé et complet, on vous assurera toujours le choix de booter avec votre vieil OS, ce qui laisse présager encore de belles heures sous MUI et Magic Workbench !

Qu'apportera Amiga OS 3.9 comme transition ? Il y aura plusieurs éléments qui tourneront en code PPC natif comme le picture.datatype. Est à prévoir également (de la bouche même de Bill McEwen) un movie player afin de lire tranquillement les MPEG et autres formats d'anim ou de sons.

Ce n'est pas fini !

Amiga Inc. a enfin pensé à ceux qui ne veulent plus du 1200 ou du 4000, voire ceux qui n'en ont jamais eu (c'est quand même le but aussi, non ?). Ainsi un AmigaOne PPC sous forme de machine unique verra-t-il le jour, au format ATX, dans sa tour, point barre. On a peu d'informations à ce sujet, mais il y a fort à parier que côté émulation Classic, il vaut mieux se tourner vers une version 1200 ou 4000 (là au moins vous bénéficiez du véritable hardware dont vous avez besoin).

Reste à savoir les dates et les prix. Si l'AmigaOnePPC 1200 et 4000 seront disponibles dès le premier trimestre 2001, l'AmigaOne PPC seul sera fabriqué plus tard : au 3eme trimestre 2001. Les versions 1200 et 4000 arrivent donc en priorité grâce au travail d'Eyetech, que certains surnomment le Phase 5 anglais, à partir du design déjà réalisé sur le Predator. Balayons une idée reçue : il n'y aura pas besoin d'une carte PPC Phase5/DCE pour connecter l'AmigaOne PPC. Ainsi, au lieu d'accumuler les cartes dans une tour dont le centre de gravité paraît douteux, une seule et unique carte regroupera tous les besoins modernes de l'utilisateur : assurément on y gagne en place, en stabilité et en coût.

Au sujet du coût, rien n'a filtré. Mais on doit s'attendre à quelque chose de relativement conséquent. Il y en a toujours pour qui le prix est une question sensible. Mais cette fois-ci nous ne parlons pas d'une énième carte d'extension ou bus PCI, nous parlons de la 1ere machine Amiga en 6 ans, qui définit la route à suivre pour l'évolution de la machine.

Certains penseront que pour le prix et l'équipement, il vaut mieux se payer un iMac ou un Pc. Ceux-là en sont libres. Mais ils prennent un pari sur l'avenir, le risque de se retrouver avec un matériel approchant mais non entièrement compatible avec l'Amiga DE au final. Quid également de la période de transition avec Amiga OS 3.9 qui promet de passer encore de bons et longs mois avec son Workbench ? Et si au final Apple refusait qu'un autre système d'exploitation envahisse ses machines colorées, tout comme ce fut quasiment le cas pour BeOS ?

Un chemin tracé vers l'avenir.

Le 21 Octobre dernier est à marquer d'une pierre blanche. Il ne s'agit pas d'une vague annonce comme pouvait l'être celle du Walker ou du mystérieux MCC de Gateway l'an dernier. Cette fois-ci, et pour la première fois en 6 ans, c'est le fruit d'une réelle coopération entre Amiga et les principaux acteurs du marché Amiga Classic.

Le chemin est clair, tracé. Ca ne plait pas forcément à tout le monde, tant cela fait longtemps que le navire de l'Amiga tangue au gré des vents et marées d'annonces de sociétés éparses (il n'y a pas plus d'une semaine, entre DCE et Elbox par exemple). Mais le gain est considérable : Hyperion, Epic, ClickBoom, H&P et les autres éditeurs de logiciels du monde Windows, Linux ou Mac savent à quoi s'en tenir en ce qui concerne l'Amiga. Une immense dalle de béton vient d'être coulée, le temps qu'elle soit sèche et bientôt les premières constructions vont s'élever.

Bien entendu, il y a les nostalgiques du Mediator, d'Aros ou de Morphos. Amiga n'a pas choisi leur chemin. Qu'importe ? Contrairement à d'autres sociétés accusées de pratiques monopolistiques, Amiga laisse le choix à ses utilisateurs. Vous voulez rester sur Classic, acheter un Mediator ou un G-Rex, une carte 060 ? Vous le pouvez toujours. Vous souhaitez vous tourner vers l'Amiga DE mais ne renoncez pas à votre bon vieux Workbench bien équilibré en patches ? Vous le pouvez. Vous en avez assez de votre vieille carte mère poussive, qui boote une fois sur deux et vous souhaitez opter pour une machine entièrement nouvelle ? Vous le pouvez encore.

L'AmigaOne est un premier pas. Comme tout premier pas, il est fragile, délicat, il a besoin qu'on le soutienne. Amiga pense bien plus loin qu'un G4 avec Heretic II qui tourne dessus, mais sait que c'est ce quotidien là que réclament les Amigaïstes. En fait, il y a autant de quotidiens différents qu'il y a d'Amigaïste. Bill McEwen et son équipe ont travaillé. Voici leur proposition.

Amiga, ou l'art de concilier l'inconciliable.

 

Ben Yoris